HORS DE L’ÉTAT :

notre rapport à la terre


Parler de notre rapport à la terre, c’est en premier lieu – comme nous le montrera le groupe Terraqué dans le texte Et partout des parcelles collectives – aborder les questions de propriété et en explorer les contours et les marges. Quand est née la propriété privée (propre à l’humain) et pourquoi ? Qu’est-ce que la propriété privée change (ou a changé) dans notre rapport à la terre ? Que pourrait être une terre sans propriétaire ?

Parler de notre rapport à la terre, c’est aussi se pencher sur la portée symbolique et sensible qu’elle revêt. C’est la terre qui nous rat- tache à nos origines, à une histoire, qui porte la mémoire collective d’une famille, ou d’un peuple. C’est une terre pour laquelle on lutte afin de ne pas perdre nos racines. « Comment les luttes redéfinissent-elles notre relation à la terre, et nous aident-elles à refaçonner notre sentiment d’appartenance aux lieux dans et depuis la diaspora ? »

C’est une des questions que se posent mutuellement Khalda El Jack et Sebastian Oviedo – tous deux architectes-chercheurs et expatriés de leurs pays d’origine, respectivement le Soudan et l’Equateur. Ils soulèvent ainsi l’idée que l’on peut entretenir un rapport particulier à la terre en exil.

C’est une idée qu’explore en d’autres géographies Gaëtan Soerensen avec son projet Waqf [1].

Dans un échange avec une famille palestienne séparée entre Amman (Jordanie) et Naplouse (Palestine), ils s’interrogent sur la portée symbolique de cette tradition du Waqf qui devient « la preuve d’une origine si souvent mise à mal par l’inexistence d’un État ». Une preuve d’être légitime, preuve de résister.

Parler de notre rapport à la terre, c’est aussi et évidemment parler de la terre nourricière. Celle pour laquelle on lutte dans un but de préservation et de respect du vivant, loin des logiques de l’agro-industrie et d’une économie de croissance. Une terre que l’on cultive pour notre subsistance et non pour s’enrichir.

Chacun de leur côté, Cloé Harent et Yann Haeberlin sont partis à la rencontre de fermes qui ont fait le choix de produire autrement que selon les logiques édictées par les normes agro-industrielles. Entre la France et la Suisse, ils dressent un portrait large d’une paysannerie alternative : d’une agriculture raisonnée à une quête d’autonomie.

Parler de notre rapport à la terre, c’est enfin aborder les notions d’usage des ressources et leur partage. Avant que la propriété privée n’entre au galop dans nos vies, avant qu’elle ne soit la norme, les communes villageoises du moyen âge s’attelaient à mettre au point ce que nous nommons aujourd’hui “les communs”. Dans les Alpes suisse, bien qu’ayant évolués avec le temps, les communs existent encore et sont gérés par les Korporationen. En analysant un cas particulier – la Korporation Uri – Salome Erni explore le principe des communs [2], tout en nous mettant en garde contre les projections utopiques et romantiques.

[1] une tradition juridique islamique plaçant en son centre l’acte de donation à perpétuité.
[2] ce principe place au centre l’usage plutôt que la propriété ou la privatisation. Le commun peut être une ressource naturelle comme l’eau, mais aussi matérielle comme une machine ou un bâtiment public, ou encore immatérielle comme un savoir. Le commun implique son partage et sa gestion par un collectif dans le but de le préserver en vue d’une utilisation par tous.

AUTEUR.ICES

Groupe Terraqué
Khalda El Jack
Sebastian Oviedo
Gaëtan Soerensen
Yann Haeberlin
Cloé Harent
Salome Erni

COORDINATION ÉDITORIALE

Mathilde Vaveau

TRADUCTION

Saskia Brown

DESIGN GRAPHIQUE

Lou Reichling


à paraître à l’automne 2024
16,5x21 cm
174 pages
500 ex.
Bilingue : FR/EN


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