Appels à projets

Tous les deux ans, nous diffusons un appel à projet qui aboutit à la publication d’un ouvrage collectif de sorte à ouvrir à toutes et tous les photographes et écrivains.es la possibilité de publier. Le but de ces appels à projet est de construire un livre autour d’un sujet que nous estimons au cœur des réflexions contemporaines. Nous sommes toujours à la recherche d’auteurs et d’autrices désireux.ses de nous confier leurs lignes et leur œil.

2017 : Musée Immédiat
2018 : Les Utopies Rouges
2020 : Working Men Have No Country
2023 : Hors de l'État : Notre rapport à la terre


Working Men Have No Country

Repenser un monde qui lutte contre les injustices sociales nécessite de prendre des chemins différents. Ces chemins ne sont pas ceux du monde où sévit une hégémonie culturelle, mais ceux qui mènent là où les pluralités sont reconnues et représentées. Guidés par des penseurs de la « postcolonialité » comme Achille Mbembe, nous nous proposons de questionner le renouveau de la sociabilité ; notion à maintes reprises travestie et usuellement absente des priorités politiques contemporaines en dépit des efforts déployés par les artistes, les militants, les activistes pour la repenser intelligemment.

L’un des rôles de l’école et de l’université est de nous ouvrir à des réflexions mises en commun : ce sont des lieux d’échanges. En leur sein, des groupes d’individus de toutes tendances (culturelles, politiques, philosophiques, religieuses) se forment, et permettent d’initier la création de mouvements qui contestent les injustices. Ils peuvent prendre une grande ampleur et avoir un impact considérable sur l’opinion publique. Par exemple, la Fédération Étudiante d’Afrique Noire Française à partir des années 1950 ou plus récemment le Hirak en Algérie, ont tous les deux été initiés par des étudiants et ont permis la reconnaissance internationale de leur cause. En effet, à partir des années 1960, des coopérations et des liens s’établirent entre certaines universités d’Afrique, du Bloc de l’Est et du Bloc de l’Ouest afin de repenser les inégalités : le système colonial, l’exploitation, la logique capitaliste. Dans un contexte à maintes reprises bouleversé par les colonisations, les guerres mondiales et la guerre froide, ce triangle d’échanges universitaires et d’idées politisées reste une zone peu explorée.

Nous cherchons des contributions photographiques, littéraires et théoriques qui permettraient de mesurer les possibles répercussions de ces mouvements sur la pensée contemporaine ; pour ce faire, l’étude des organisations estudiantines multiculturelles créées à partir des Indépendances et basées dans divers pays (Congo, Bénin, Algérie, Afrique du Sud, France, Russie, Autriche, Éthiopie, Pologne…), nous semble un excellent point de départ. Grâce à vos propositions, nous envisageons d’éclaircir les apports complexes de ces différents mouvements étudiants sur les échanges multilatéraux qui ont lieu entre les trois pôles qui nous intéressent : l’Afrique, l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest.

En suivant les pérégrinations de ces étudiants et leurs héritages, ne pourrait-on pas repenser un monde « en-commun », repenser « la diversité » et contrer certaines tendances néfastes du néo-libéralisme où toutes sortes de différences, de rêveries sont anéanties voire proscrites ?

À travers des figures comme Achille Mbembe, Henri Lopes, Elaine Mokhefi, Guy Tillim, Santu Mofokeng, Frantz Fanon et tant d’autres, nous pouvons nous poser plusieurs questions :

  • Quels sont les liens visuels, politiques, littéraires qui ont un jour uni les universités d’Afrique, d’Europe de l’Est et de l’Ouest et sous quelles formes apparaissent ces liens aujourd’hui ?
  • Comment comprendre les inégalités d’aujourd’hui à travers les révoltes du passé ?
  • Comment « repenser » les valeurs républicaines françaises construites sur les ruines du colonialisme et de l’esclavagisme ?
  • Comment la photographie, l’art et la littérature permettent-ils de remettre sans cesse en question certains principes impérialistes encore appliqués aujourd’hui et déguisés en en éléménts constitutifs de la « démocratie » ?


APPEL CLOS