Appels à projets
Tous les deux ans, nous diffusons un appel à projet qui aboutit à la publication d’un ouvrage collectif de sorte à ouvrir à toutes et tous les photographes et écrivains.es la possibilité de publier. Le but de ces appels à projet est de construire un livre autour d’un sujet que nous estimons au cœur des réflexions contemporaines. Nous sommes toujours à la recherche d’auteurs et d’autrices désireux.ses de nous confier leurs lignes et leur œil.
Hors de l’État : Notre rapport à la terre
L’idée de ce projet est de réfléchir à notre rapport à la terre.
La terre, qui nous permet collectivement de cultiver, de travailler, de nous nourrir, de nous vêtir, en bref, de vivre, est aujourd’hui la chasse gardée des grands propriétaires. Élevages intensifs, monocultures, invasion des sols par la construction en lots et en masse de logements à obsolescence assumée, déshumanisation et esclavage de la main d’oeuvre, la terre paysanne est sous l’emprise complète du capitalisme. Elle est devenue une immense entreprise à ciel ouvert, quoique de plus en plus recouverte d’objets censés produire une valeur marchande : multiplication des serres, des couches d’asphalte, des zones industrielles et des plateformes logistiques.
Mais qu’en est-il de la compréhension de notre environnement, de ses capacités, de ce qu’il peut produire comme lien social ?
L’espèce humaine fait partie de la nature. Nous devrions la partager plutôt que de nous arroger ses ressources, car tout être vivant est uni par des liens d’interdépendance, toutes espèces confondues. Certaines sociétés vivent avec cette idée. Ces liens prennent de multiples formes, non propres à l’homme uniquement : la vie en communauté, l’entraide, la nourriture, la monnaie d’échange, la colonisation des espaces, la famille, le partage, la propriété, l’agressivité, la violence… Les espèces se doivent d’être sociales, d’agir de concert pour vivre, se soutenir, grandir, évoluer sur un territoire qui leur est apparenté, et qu’elles ont défini suivant leurs besoins, sans se l’approprier. Ce que l’espèce humaine doit s’approprier en communion avec ce qui l’entoure, c’est “l’imaginaire égalitaire”* de sa société.
Guidés par ces principes d’entraide, comment envisager notre rapport à la terre à une échelle différente ? Une échelle qui profiterait à toutes les espèces, hors des logiques mercantiles, de l’État ou du principe de nation ? Comment retrouver la mesure dont chaque être a besoin pour vivre, et vivre bien ? Beaucoup de personnes nous ont inspiré et poussé par leur pensée révolutionnaire à écrire et à partager cet appel, en voici une petite liste. Cette dernière vous permettra de situer là où notre pensée gravite pour ce futur livre : Pierre Kropotkine sur l’entraide - anarchiste et géographe russe, Paul et Elisée Reclus - géographe et ingénieur anarchistes français, Elsa Osorio sur Mika La Capitana - militante anarchiste argentine, Jean Giono avec sa lettre aux paysans – écrivain français, Hannah Arendt sur les droits de l’homme - philosophe allemande, Frédéric Graber et Fabien Locher sur l’environnement et la propriété dans l’histoire, Aurélien Berlan sur la lutte pour l’accès aux ressources - philosophe français, Kristin Ross et ses réflexions sur la forme-commune…
Nous choisirons jusqu’à 6 projets qui se distinguent par leur force de proposition et par une réflexion allant contre les idées reçues. Les éditeurs proposeront aux auteurs un travail en commun où les projets photographiques et littéraires s’entremêlent, dialoguent et se confrontent.
Tous les projets seront étudiés avec le plus grand soin.
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*Introduction à La force de la non-violence, Judith Butler, Pluriel, 2023.